Question orale de Jérôme Toussaint, conseiller de police.

Dans le cadre d’un article récent de La Libre Belgique consacré à la problématique des trafics de stupéfiants et les nuisances liées à cette forme de criminalité, une bourgmestre de la région bruxelloise soulignait notamment le fait que ces trafics se seraient très largement développés ces derniers mois partout à Bruxelles et que les 19 communes étaient impactées plus ou moins fortement.


On y apprenait encore qu’avec la généralisation du télétravail lié au Covid, davantage de citoyens restaient de ce fait à leur domicile, poussant ainsi les adeptes des cambriolages à opter pour d’autres activités illicites; notamment en s’orientant vers la vente et le transport de drogues (activités qui s’avèreraient plus lucrative et moins visible).
Sur base de ce qui précède, je souhaiterais vous adresser les quelques questions suivantes 

  1. tout d’abord, partagez-vous ces constats ?

Il n’est pas possible de généraliser la consommation et le trafic de stupéfiant à Bruxelles, qui varie très fort d’un quartier à l’autre. Nous ne constatons pas que la problématique est actuellement plus aigüe sur le terrain qu’avant la pandémie ou qu’elle ait significativement évoluée pendant la pandémie dans notre zone de police. 

  1. quelle est l’ampleur du phénomène au sein de notre zone de police et en particulier à Uccle (du moins de ce que nous en savons) ?
 201920202021
Détention367455300
Commerce827870
Fabrication121215
Importation et exportation12282
Autres11224
Usage375
Total487602396

Les chiffres liés aux stupéfiants sont fortement liés à l’activité policière. Cela se traduit notamment dans les chiffres de 2020. Les mesures sanitaires étaient très strictes et le contrôle de celles-ci a engendré une multiplication des interactions entre les citoyens (jeunes) et la police. Avec en corollaire, plus de PV pour détention et commerce de petites quantités. Avec le retour à une vie plus normale en 2021, les chiffres sont en nette diminution et même en dessous de ceux de 2019. 

  1. quelle forme revêt cette criminalité chez nous (modus operandi, lieux spécifiques, types de drogues en circulation,…) ?

Dans notre zone de police, il n’y a pas à proprement parler de lieu notoirement connu pour le trafic de stupéfiants. Il s’agit plutôt de petits vendeurs à l’échelle du quartier. Cette consommation/vente est davantage identifiée pour les nuisances qu’elle génère ; attroupements, bruit, passage de véhicules, incivilités.

On constate cependant que les nouvelles technologies sont de plus en plus souvent utilisées pour les livraisons ainsi que l’envoi par courrier/colis.

La Région bruxelloise reste également fortement touchée par le phénomène des plantations dans les logements privés. Dotées de structures et matériels professionnels et de dimension de +/- 1.000 plants chacune, elles sont opérées par des bandes organisées qui peuvent réaliser quatre récoltes par an. Elles occasionnent des dégâts très importants aux logements au détriment des propriétaires qui ignorent que leur logement héberge une plantation. Chaque année plusieurs dizaines de plantations sont découvertes par les services de police dont entre 5-10 sur notre territoire. 

  1. enfin, menons-nous des actions particulières pour lutter contre ce fléau et quelle est l’approche généralement suivie par notre zone de police dans ce cadre (prévention, répression ou les deux en parallèle) ?

Notre zone se concentre davantage sur les nuisances générées par le trafic/consommation en travaillant par hotspots en se focalisant sur les attroupements, nuisances sonores, incivilités,…

A titre d’exemple la place Danco et ses alentours va faire l’objet d’un nouveau projet en collaboration avec le parquet de Bruxelles ciblant la petite délinquance au travers de perceptions immédiates pour certains délits.

Notre section « stups » au sein du service local de recherche suit le phénomène des plantations et des trafics à plus large échelle. L’unité de Flagrant délit s’implique dans l’interception de dealers dans son travail au quotidien.

La prévention est plutôt destinée à nos policiers qui se rendent dans les écoles dans le cadre du projet police/jeunes.