Question orale d’Aurélie Czekalski, conseillère de police.

Mi-février 2023, le Conseil national de sécurité a discuté d’une stratégie globale pour lutter contre le crime organisé. Dans ce cadre, 7 mesures ont été prises et l’une d’entre elles concerne la lutte contre le « narcoterrorisme ». La majeure partie des actions viseront l’amont de la chaîne de trafic de cocaïne, mais leplan comporte également un volet visant directement le bout de la chaîne. Le Gouvernement fédéral souhaite criminaliser davantage les consommateurs en augmentant les amendes pour possession de drogues. Le Gouvernement fédéral a également désigné un Commissaire national aux drogues qui coordonnera la lutte contre le « narcoterrorisme ». Il s’agit de la procureure du Roi de Hal-Vilvorde, Ine Van Wymersch. Elle sera chargée de coordonner la lutte contre la mafia de la drogue. Elle mènera sa mission en concertation avec les ministres de la Justice, de l’Intérieur, de la Santé et des Finances, et travaillera étroitement avec les autorités fédérales, régionales et locales. Elle fera rapport régulièrement au Conseil National de Sécurité.

Pour rappel, fin janvier 2023, la police bruxelloise était « incroyablement inquiète » de la forte augmentation de la consommation de crack au sein de la Région de Bruxelles-Capitale, une des drogues les moins chères et des plus dangereuses sur le marché. Selon les professionnels du secteur, pas moins de trois-quarts des consommateurs de drogues à Bruxelles prennent du crack. Cette augmentation se ressent un peu partout et notamment dans les transports en commun. J’ai interrogé la Ministre régionale de la mobilité à plusieurs reprises à ce sujet d’ailleurs. Entre janvier et octobre 2022, la société de transport Stib a reçu 1.200 signalements de consommation de drogues dans l’espace public, soit 70% de plus par rapport à l’année précédente.

Suite à ce que je viens de vous exposer, j’aimerais vous poser différentes questions. 

  • Avez-vous pris connaissance de ces différentes mesures et quels sont les impacts de ces différentes mesures pour notre zone de police ? 
  • Pouvez-vous nous faire un état des lieux des actions prises en termes de lutte contre la consommation de drogues dures dans l’espace public, sur le territoire de notre zone de police ? Disposez-vous de chiffres éventuels notamment quant aux démantèlements de trafics de drogues dures, aux arrestations et opérations effectuées ces derniers mois voire années ?
  • Étant donné que la commissaire aux drogues mènera sa mission en concertation avec les ministres de la Justice, de l’Intérieur, de la Santé et des Finances, et travaillera étroitement avec les autorités fédérales, régionales et locales, quels sont les contacts avec la commissaire aux drogues ? Quelles mesures ont été mises en place en concertation avec elle et quelles sont les avancées ? 

Je vous remercie pour vos réponses. 

Aurélie Czekalski, Conseillère de police – Groupe MR.

Réponses du Chef de Corps de la zone de police Uccle – Watermael Boitsfort – Auderghem:

A l’heure actuelle et fort heureusement notre zone de police est plutôt épargnée par la consommation de drogues dures (type crack) dans l’espace public. Nous n’avons d’ailleurs pas connaissance de lieux problématique à ce niveau dans nos trois communes. On constate cependant qu’à l’exception de quelques lieux connus pour la vente de stupéfiants la plus grande partie des transactions se fait par les réseaux sociaux avec service de livraison. Les dealers proposent plusieurs produits (cannabis, cocaïne, gaz hilarant, amphétamines). Cela se traduit dans notre activité policière où il n’est pas rare de contrôler des personnes avec des grandes quantité d’argent et de stupéfiants.

Au niveau de la criminalité organisée notre plus grande source d’attention concerne la mafia albanaise qui s’est spécialisée dans la location de maison afin de les transformer à l’insu du propriétaire en unité de production de cannabis (4 récoltes de 800 plants par an en moyenne). Plusieurs dizaines de bâtiments ont ainsi été démantelées ces dernières années dans notre ZP. Outre la présence d’organisations criminelles dans les quartiers résidentiels cela fait peser des risques importants sur la sécurité du voisinage (coupures de courant et incendies d’habitations).