Le Bois sera totalement rouvert en décembre a annoncé la Ville de Bruxelles. Maintenant trouvons ensemble une solution équilibrée pour l’avenir.

Que dit la décision de Justice ?

Le Tribunal reproche la façon dont s’est déroulée cette prétendue concertation, et reproche plus spécifiquement à la Ville de ne pas avoir tenu compte des autres scénarios proposés par Uccle ainsi que, surtout, des inconvénients subis par les Ucclois. Concernant le test effectué par la Ville, le Tribunal conclut que mener celui-ci pendant cette période est déraisonnable dès lors que le trafic est exceptionnellement bas en raison du confinement. La décision reprend d’ailleurs à son compte les rapports de notre zone de police qui avaient constaté de fortes hausses de trafic et des débits de fuite dans les quartiers avoisinants.En outre, il est acté qu’Uccle, et surtout les habitants des quartiers impactés, ont subi un préjudice grave suite aux « erreurs manifestes de la Ville », qui a commis plusieurs « fautes d’importance majeure ». Le Tribunal dit clairement que le choix de la Ville a été posé sans prendre en considération les intérêts de notre commune de ne pas voir ouvert l’accès à cette boucle sud.

A quoi la Ville est-elle condamnée ?

L’acte administratif de la Ville tendant à procéder à un test est écarté par la Justice et la Ville est donc condamnée « à prendre toutes les mesures qu’elle estimera appropriées pour mettre fin à la situation d’illégalité relative à la fermeture à la circulation de la boucle sud du Bois » sous peine d’astreinte.La Ville a annoncé faire appel de cette décision (mais ce n’est pas suspensif).

Que cela signifie-t-il ?

D’une part que l’on n’évoque ici que la boucle sud du bois, dont la fermeture totale pose un réel problème en termes de qualité de vie des riverains. D’autre part que la Ville doit trouver une solution pour redonner accès à cette boucle sud.Le Tribunal ne condamne pas la Ville à une réouverture totale du bois ni même à une réouverture totale de la boucle sud. Elle doit en substance y redonner un accès pour soulager le sud de notre commune. C’est donc dans ce cadre que nous avons tenu ce 13 novembre une réunion avec la ministre régionale de la Mobilité, la Ville, Ixelles, Boitsfort, Linkebeek et Rhode-Saint-Genèse. D’emblée, j’ai souligné que d’autres personnes (riverains et commerçants), qui étaient aussi intervenus dans le cadre de la procédure, devaient maintenant être impliqués dans la recherche d’une solution. Je me suis vu opposer un refus.

Que nous a-t-on proposé ?

Contrairement à la communication de la Ville, qui prétend qu’elle a proposé l’ouverture pure et simple de l’avenue de Boitsfort et de l’avenue du Brésil (voir schéma, tronçon en orange), prétendant que cela était conforme à ce que nous demandions dans notre motion communale, les autorités bruxelloises nous ont indiqué être prêtes à concéder un nouveau test d’une durée de 6 mois à un an consistant à ouvrir ce court tronçon uniquement de 7h30 à 9h30.J’ai indiqué que c’était bien insuffisant dès lors que nos forces de police ont précisé dans leurs rapports que les heures de pointe sont fluctuantes et que des embouteillages importants étaient constatés en pleine journée. Je reconnais, et j’assume entièrement, avoir été le seul bourgmestre à m’être opposé à cette proposition, à mes yeux totalement incongrue.J’ai également re-formulé une autre proposition à tester, à savoir le « double-sens prolongé » reliant l’avenue Louise à la drève de Lorraine (soit la voirie ouest du bois). Refus catégorique de la Ville.Depuis le début de cette triste saga, chacune de nos propositions tenait compte de l’équilibre à trouver entre la fonction récréative indéniable à laquelle aspirent des Bruxellois, des Ucclois, des Rhodiens…, et la nécessité pour nos quartiers de retrouver la sérénité et la sécurité auxquels ils ont droit. Les options que nous avons mises sur la table laissaient une large part (+ de 60%) des voiries du bois destinées à cette fonction récréative. Ce qui s’est donc passé lors de cette dernière réunion est assez simple : soit nous acceptions les 2 heures d’ouverture matinale du tronçon entrée Brésil vers Roosevelt, soit la Ville rouvrait totalement le bois. Malgré ce qu’elle prétend, elle avait bien entendu d’autres options pour se conformer à la décision de justice.

Plusieurs propositions existent

A mes yeux, il existe ainsi un certain nombre de pistes qui tiennent compte d’un partage sain entre les différents souhaits et nécessités des citoyens (piétons, cyclistes, automobilistes…).- Il serait par exemple raisonnable de tester le prolongement du double-sens jusqu’à la drève de Lorraine (soit 300m de plus par rapport au test en cours de la Ville), et ce faisant de laisser plus de 60% des voiries du bois destinés aux promeneurs ;- L’on peut également imaginer de travailler sur les heures de pointe du matin ET du soir, mais sur la base d’un bois totalement ouvert à ces heures ;- L’on peut encore envisager, en cohabitation avec les automobilistes, la création d’une piste cyclable digne de ce nom, confortable et qui protège réellement les cyclistes, sur l’ensemble du site.-…

La suite ?

Concrètement, le Bois sera totalement rouvert en décembre, hormis les week-ends et congés scolaires. Mais rien n’est définitif et c’est normal.

L’avenir

Le Bois de la Cambre appartient à tous les citoyens, et ce quel que soit leur moyen de déplacement. Faire évoluer cet espace est une ambition que je partage.En outre, il est important de rappeler à celles et ceux qui refuseraient toute évolution, que refuser le débat les exclurait de l’orientation que prendra cette évolution. N’oublions pas, que ça plaise ou pas, que la Ville restera propriétaire du Bois.Il est indispensable, dans ce que doit être une démocratie, que le futur du Bois soit le fruit d’une réelle concertation, loin de tout dogmatisme et tout diktat. C’est parce que cela n’a pas été l’esprit jusqu’à présent que nous avons dû, avec d’autres, saisir la justice. C’est la recherche de l’équilibre qui nous fera avancer et non l’extrémisme, d’où qu’il vienne (« tout à la voiture » ou « tout au vélo »).

J’entends continuer, avec qui le souhaitera, à défendre cette vision. Portez-vous bien.

Boris Dilliès, Bourgmestre